La Recherche RECOVERY de l’Université d’Oxford pour une Thérapie du COVID-19 est Hautement Discutable et Dangereuse

Voici une brève analyse des informations disponibles sur les essais cliniques RECOVERY coordonnés par l’Université d’Oxford et pour lesquels les premiers patients ont déjà été recrutés. 

Cette analyse, disponible également en anglais, est largement applicable au protocole pan-européen DISCOVERY, qui suit une démarche similaire que le protocole britannique RECOVERY.

Cette analyse ne couvre que les failles les plus évidentes, qui sont flagrantes, même pour un observateur généraliste comme moi, ayant à la fois une formation scientifique et économique, mais pas en médecine ou épidémiologie.

Qu’est ce qui m’amène à m’intéresser à cette question? Outre ma curiosité naturelle, je suis francophone, donc je comprends les différents articles, vidéos et informations provenant de l’infectiopôle de Marseille, où le professeur Didier Raoult et son équipe travaillent. J’ai également lu de multiples déclarations concernant les thérapies de médecins français éminents confrontés à la crise sanitaire actuelle.

Alors que la recherche initiale sur les traitements a été principalement entreprise en Chine, ce qui se passe actuellement en France est d’une importance considérable pour résoudre cette pandémie au plan mondial.

Un autre aspect est que j’ai appris à prendre avec un grain de sel les grands scientifiques de ce monde. J’ai vu tellement de bêtises au fil des ans, de sorte que oui, j’ose défier les scientifiques, même s’ils viennent de l’Université d’Oxford – un institution où j’ai beaucoup aimé étudier mais qui n’a pas toujours raison, même si elle est souvent classée # 1 au classement des universités de par le monde.

Pourquoi devrais-je me préoccuper de cette question? Parce que des vies sont en danger. Parce que de nombreuses vies sont en danger.

L’approche du Royaume-Uni pour faire face à la pandémie s’est heureusement améliorée, par rapport au début où l’infection semblait être un objectif recherché, pour obtenir rapidement une immunité de groupe, quels que soient les coûts énormes en vies humaines.

Aujourd’hui, les mesures de distanciation sociale sont désormais beaucoup plus sérieuses, et le Premier ministre pourrait même afficher un peu plus d’humilité à partir de maintenant, car il est lui-même infecté par le virus.

Pourquoi le protocole de recherche est-il imparfait? Pour plusieurs raisons. Premièrement, la recherche utilisera «des patients sous placebo. »

Alors que la recherche vise à comparer 4 traitements – Lopinavir-Ritonavir; Interféron Beta; Corticostéroïdes à faible dose; et Hydroxychloroquine -, elle repose sur un soi-disant «bras de traitement» appelé «sans traitement supplémentaire. »

En d’autres termes, les patients hospitalisés dans la catégorie «sans traitement supplémentaire» recevront un placebo.

Si vous n’êtes pas pleinement conscient de ce que c’est, un placebo n’est qu’une substance inerte ou un traitement conçu pour n’avoir aucune valeur thérapeutique. C’est comme une pilule de sucre.

Dans la fiche d’information du patient et le formulaire de consentement utilisés pour la recherche, les patients sont informés qu ‘«il n’existe aucun médicament de valeur prouvée contre COVID-19.»

Dans la Foire au Questions à destination des patients, on peut lire «Nous ne savons pas si l’un des traitements testés aura des avantages supplémentaires. Votre traitement d’étude peut ou non vous aider personnellement, mais cette étude devrait aider les futurs patients. »

Ces deux affirmations sont clairement contraires aux résultats des deux études menées en France par l’équipe du Professeur Didier Raoult, où une grande majorité des patients participants ont été clairement aidés par le traitement par l’hydroxychloroquine / azithromycine.

Certes, la deuxième étude, publiée le 27 mars, qui comptait 80 patients et a conclu sur «l’efficacité de l’hydroxychloroquine associée à l’azithromycine dans le traitement du COVID-19» n’était pas disponible lors de la conception du protocole de recherche RECOVERY.

Cependant, l’étude précédente de la même équipe, disponible en ligne depuis le 20 mars – https://www.sciencedirect.com/science/article/pii/S0924857920300996 – aurait dû être prise en compte et les patients auraient dû être informés qu’au moins un des traitements était mieux que pas de traitement.

En fait, l’étude, rédigée par Gautret et al., est citée dans les références, mais ses résultats ne sont pas pris en compte dans le protocole de recherche proprement dit.

L’une des conclusions de l’étude du 27 mars est que «les cultures virales des échantillons respiratoires des patients étaient négatives chez 97,5% des patients au jour 5. »

Est-ce que ces chercheurs et ces médecins qui mènent la recherche RECOVERY s’abstiendront de dire aux patients qu’ils recrutent que s’ils prennent le même traitement que celui testé en France, ils ont environ 97,5% de chances d’être négatifs au jour 5?

Ne pas leur dire me semblerait être une grave violation du serment d’Hippocrate. Cela semble totalement contraire à l’éthique.

Nous parlons ici d’une maladie mortelle. Nous parlons ici de la vie et de la mort.

Comment des professionnels de la santé pourraient-ils donner des pilules de sucre placebo aux patients alors qu’ils savent – ou devraient savoir – que l’un des traitements est susceptible de les guérir, alors que le placebo «sans traitement supplémentaire» ne mènera très probablement à aucune amélioration, à une nouvelle détérioration de l’état du patient ou même éventuellement à la mort?

Le professeur Didier Raout a récemment fait allusion de manière frappante à ce problème d’éthique – suggérant que certaines méthodologies d’étude sont conçues de manière à ce que ce soit comme demander à des parachutistes de prouver l’efficacité des parachutes, en participant à une étude en double aveugle, acceptent de sauter, mais seulement la moitié d’entre-eux aurait en fait des parachutes fonctionnels sur eux. Et puis les scientifiques auraient juste à compter les morts.

Il y a d’autres problèmes avec ce protocole de recherche. Ce qui sera testé pour l’hydroxychloroquine n’est pas ce qui est recommandé par le Professeur Raoult et son équipe. Les doses d’hydroxychloroquine sont beaucoup plus élevées au départ dans le protocole RECOVERY, alors que les scientifiques français ont été critiqués quand à une éventuelle toxicité du traitement.

Avec le protocole britannique, 2000 mg sont administrés le premier jour, alors que seuls 600 mg sont utilisés en France. Ce n’est qu’après le deuxième jour que la posologie au Royaume-Uni est un peu plus faible (400 mg au lieu de 600 mg).

Mais ce qui est beaucoup plus important, c’est que le traitement britannique ne cherche pas à combiner l’hydroxychloroquine avec l’antibiotique azithromycine, qui donne les meilleurs résultats dans la recherche française. C’est le traitement, appliqué dans l’étude du 27 mars, qui a clairement atteint la meilleure efficacité.

Ainsi, les patients britanniques ne recevront pas le meilleur traitement disponible à base d’hydroxychloroquine.

L’efficacité plus élevée de la combinaison hydroxychloroquine / azithromycine était déjà connue le 20 mars, donc les scientifiques d’Oxford auraient dû en tenir compte dans leur protocole de recherche, qui est daté du 23 Mars, mais ils ne l’ont pas fait, et ont préféré plutôt adopter une dose initiale plus élevée d’hydroxychloroquine.

Un dernier problème majeur avec le protocole RECOVERY, en ce qui concerne le «bras» hydroxychloroquine du protocole de recherche, est qu’il se concentre sur les personnes déjà hospitalisées, ce qui signifie qu’un certain nombre d’entre elles peuvent déjà être à un stade avancé de la maladie.

La Foire aux Questions sur le site Web de RECOVERY indique que «les patients peuvent être inclus dans cette étude s’ils ont au moins 18 ans, ont confirmé le COVID-19 par un test de laboratoire pour le coronavirus et sont à l’hôpital. »

L’étude peut même inclure des patients sous respirateur, selon la fiche d’information du patient et le formulaire de consentement.

Si nombre de ces patients peuvent bénéficier d’un traitement à base d’hydroxychloroquine, cela ne prend pas en compte une découverte majeure de l’équipe française de scientifiques, qui souligne qu’il est important de traiter les patients précocement.

Certains patients des essais britanniques pourront déjà avoir été hospitalisés pendant une certaine période de temps et être dans un état si mauvais qu’il est moins probable que le traitement fonctionne. 

Cela ne signifie pas qu’ils ne devraient pas recevoir de traitement. L’hydroxychloroquine sera toutefois probablement jugée moins efficace que si elle était administrée à des patients au stade recommandé de développement de la maladie.

Le programme de recherche RECOVERY est extrêmement important, car il vise à guider le gouvernement britannique, et donc le type de traitement qui sera possiblement accordé à des millions de citoyens qui contracteront le virus dans les semaines et les mois à venir.

Des centaines de milliers de vies sont en jeu.

Aujourd’hui, le gouvernement britannique attend les résultats de la recherche avant d’autoriser la chloroquine et l’hydroxychloroquine, ou d’autres traitements.

«Jusqu’à ce que nous ayons des preuves claires et définitives que ces traitements sont sûrs et efficaces pour le traitement de COVID-19, ils ne devraient être utilisés à cette fin que dans le cadre d’un essai clinique. » C’est ce qu’a déclaré le gouvernement britannique dans un communiqué de presse du 25 mars.

Espérons que le protocole RECOVERY sera totalement revu, une fois que ses défauts deviendront évidents pour les chercheurs et les décideurs du pays, pour prendre en compte la recherche française, qui a des implications considérables en termes de traitement pour le COVID-19.

Mais ne retenez pas votre souffle, et n’oubliez pas, le temps court très vite avec cette pandémie. Il n’y a pas de temps à perdre avec des recherches hautement discutables mettant de surcroit en danger la vie des patients.

Bien que cet article se concentre sur la recherche RECOVERY du Royaume-Uni, il semble que des protocoles similaires aient été adoptés pour le programme européen DISCOVERY. Non, nous ne sommes pas sortis du bois!

Soit dit en passant, même si les Britanniques et les Français ont tendance à avoir toujours leurs différences, le corps humain et la physiologie d’un citoyen britannique sont les mêmes que ceux d’un citoyen français.

L’utilisation de l’hydroxychloroquine / azithromycine est désormais autorisée dans les hôpitaux français, ainsi qu’en Italie, en Espagne, aux Etat-Unis et nombre d’autres pays, même si des recherches complémentaires sont menées en parallèle.

La disponibilité d’un traitement efficace devrait avoir des effets positifs considérables pour sauver des vies et lutter contre la pandémie.

Il convient de souligner ici comment les patients guéris de la maladie, à un stade précoce, n’ont pas besoin d’aller aux urgences et peuvent rapidement libérer des lits d’hôpital, généralement après environ une semaine.

Cela réduira considérablement la pression sur les hôpitaux, sur le personnel médical et les autres employés travaillant dans les hôpitaux. Cela seul sauverait de nombreuses vies, car l’insuffisance des installations médicales existantes pour faire face aux besoins est criante.

Pour tous ceux qui travaillent dans les hôpitaux et autres institutions médicales, qui contractent trop souvent le virus, ce traitement constitue une thérapie très concrète qui peut être dispensée à ceux et celles qui sont symptomatiques et testent positif.

À mon avis, la meilleure solution pour le Royaume-Uni serait d’Immédiatement adopter les résultats de la recherche du Professeur Didier Raoult, après bien sûr les vérifier pour tout défaut improbable – la recherche française ayant été menée par certains des meilleurs chercheurs au monde.

Le traitement par l’hydroxychloroquine / azithromycine doit être mis à la disposition de tous les patients dès que possible, peu de temps après un test positif pour le virus, et le traitement doit être administré sous étroite surveillance médicale.

Certes, comme les Français, le Royaume-Uni devrait continuer avec des essais cliniques, mais uniquement des essais sécuritaires, pas avec des «patients placebo» et uniquement pour s’appuyer sur les connaissances thérapeutiques actuelles. 

Ceci permettrait de faire en sorte que chacun puisse dorénavant avoir accès à un traitement qui soit au minimum aussi efficace que le traitement par l’hydroxychloroquine / azithromycine.

Post Script: La province canadienne du Nouveau Brunswick a adopté une approche combinant traitement à grande échelle et recherche au travers d’un registre des patients. Lire l’article: https://covexit.com/le-nouveau-brunswick-premiere-province-canadienne-a-adopter-lhydroxychloroquine-pour-traiter-le-covid-19/

Références: