Canada: les tests obligatoires pour rentrer au pays par avion seront largement inefficaces

Cet article analyse les nouvelles mesures canadiennes imposant des tests, dans le pays de départ, pour tout voyage en avion vers le Canada. Il retrace d’abord comment cette mesure fut prise, à partir d’un article peu informé paru dans la presse québécoise. Il montre ensuite qu’on ne peut s’attendre qu’à une très faible efficacité de cette mesure, une fois qu’on tient en compte les imprécisions inhérentes aux tests PCR, tant en termes de faux négatifs que de faux positifs. Il recommande enfin des mesures alternatives, bien plus efficaces, pour réellement sécuriser les transports en avion et les voyages dans le Sud et ailleurs. The article is also available in English.


Vous vous souviendrez peut-être de la comédie “Y a-t-il un pilote dans l’avion?” où tous les membres de l’équipage étaient victimes d’un empoisonnement alimentaire, et un pilote de fortune fut désigné pour faire atterrir l’avion.

Au Canada, les dernières mesures gouvernementales en matière de C19 suggèrent que les autorités semblent être victimes, non d’un empoisonnement alimentaire, mais d’une incapacité systémique à formuler des mesures cohérentes susceptibles de freiner les infections, les hospitalisations et les décès.

La plus récente de ces mesures concerne les voyages en avion, en particulier pour ceux et celles ayant décidé de s’aventurer pour des vacances dans des pays tels que Cuba, la République dominicaine ou encore le Mexique.

C’est un article du groupe Québecor qui a déclenché la saga. L’article est signé d’une journaliste under cover qui s’est fait payer un voyage au Mexique par son employeur.

https://www.tvanouvelles.ca/2020/12/28/des-quebecois-sur-le-party-dans-le-sud

En gros, selon l’article, dans cet hôtel au Mexique, tous les vacanciers sont de mauvais citoyens, des “touristas,” sauf elle, qui suit strictement les mesures québécoises en matière de COVID-19.

Voici quelques commentaires sur l’article. La journaliste ne mentionne nulle part que les risques de transmission à l’extérieur, au soleil, dans un climat chaud, sont nettement moindres que dans les environnements fermés (maison, bureau, bus, métro, voiture, etc.) où l’on est la grande majorité du temps en hiver au Canada. Elle démontre ne pas comprendre la transmission du virus, au point qu’elle pense que le masque / couvre visage qu’elle porte la protège, alors que cela ne fournit tout au plus un légère protection à ceux qui sont à proximité d’elle. Si elle était vraiment parmi un groupe de citoyens irresponsables et infectés, la journaliste a pris des risques sérieux d’infection, en se croyant protégée par con couvre visage.

https://www.mayoclinic.org/diseases-conditions/coronavirus/in-depth/coronavirus-mask/art-20485449

Cet article, ainsi que d’autres et divers commentaires dans les médias conventionnels et sociaux, ont fait des vagues, tant au Québec qu’au niveau canadien, et animé certains démons au niveau d’une population, très mal informée par les médias, qui a peur, et qui n’en peut plus de cette pandémie et des mesures de confinement.

Cela a mené à une sorte de chasse aux sorcières, incarnées par des politiciens qui avaient osé voyager durant la période des fêtes, alors que ces voyages étaient parfaitement permis. La chasse est pan-canadienne, d’Est en Ouest.

https://quebec.huffingtonpost.ca/entry/politiciens-voyage-fetes-covid-19_qc_5ff32225c5b65a9229102549

En Ontario, le ministre des finances, Rod Phillips, suspectait que son voyage ne serait pas bien accueilli par la population. Son staff a publié sur les médias sociaux des photos de lui, prises à l’avance à la maison, alors qu’il était à Saint-Barth. Cela s’est su, et il a démissionné.

https://www.huffingtonpost.ca/entry/rod-phillips-vacation-twitter-posts_ca_5fecc9fdc5b6ec8ae0b10a54

Nouvelles mesures en vigueur au 7 Janvier

Suite au tollé, le gouvernement Trudeau, par l’entremise de deux ministres québécois, en charge des transports et des affaires étrangères, ont annoncé que des tests négatifs seraient obligatoires pour pouvoir embarquer dans un vol à destination du Canada.

https://www.journaldemontreal.com/2020/12/31/tests-de-depistage-obligatoires-les-voyageurs-dans-le-flou

Rappelons qu’il existe déjà une mesure de quarantaine obligatoire de 14 jours. Les vols à partir du et vers le Canada n’ont pas été totalement interrompus pendant la première vague de la pandémie. Le voyagiste Air Transat a quant à lui repris des vols le 23 Juillet après 4 mois d’interruption, ceci avec l’assentiment des autorités.

>>  Les véhicules électriques sont-ils une solution ? Résumé Exécutif

https://www.transat.com/fr-CA/corporatif/medias/communiques-de-presse/

La nouvelle mesure décrétée par le gouvernement fédéral, relative aux tests obligatoires, entre en vigueur ce 7 Janvier.

“À partir du 7 janvier 2021, les voyageurs aériens âgés de 5 ans ou plus seront tenus de présenter une preuve d’obtention d’un résultat négatif à un test de dépistage de la COVID-19 au transporteur aérien avant d’embarquer sur un vol international à destination du Canada.”

https://tc.canada.ca/fr/initiatives/mesures-mises-jour-lignes-directrices-liees-covid-19-emises-transports-canada

Le gouvernement canadien exige un test pour lequel le prélèvement a été effectué dans les 72 ou les 96 heures avant le départ. 

Les principales destinations du Sud sont régies par le délais de 96 heures: Cuba, République dominicaine, Costa Rica, Brésil, Colombie, Mexique, Bahamas, Bermudes, Saint-Martin, Guadeloupe, etc.

Un contrôle de la température avant l’embarquement est aussi prévu.

https://tc.canada.ca/fr/arrete-ministeriel-arrete-urgence-injonction-ministerielle-ordres-lettre-reponse/arrete-urgence-no-18-visant-certaines-exigences-relatives-aviation-civile-raison-covid-19#section10

Alors, le bon peuple canadien qui est resté à la maison est-il maintenant protégé de ces dangereux voyageurs, de ces “touristas’” en provenance de l’étranger? 

Comme nous allons le voir, pas vraiment. Excessivement peu en fait. Et beaucoup seront même déclarés positifs – des pestiférés en somme – alors qu’ils ne le seront pas …

Même dans le Sud, en cas d’infection, le virus viendra probablement du Canada …

A partir du Canada, les voyages vers le Sud en hiver sont généralement très courants, mais cette année ci, le traffic est en baisse de l’ordre de 90%, avec des conséquences dévastatrices pour les lignes aériennes.

Souvent, ce sont des voyages d’une semaine, parfois de deux semaines, typiquement avec des forfaits tout inclus dans de grands complexes hôteliers.

Prenons l’exemple courant d’un voyage type d’une semaine, pour lequel vous devrez fournir au retour, au moment de l’enregistrement, une preuve de test PCR négatif. Que le prélèvement ait été effectué dans les 3 ou 4 jours avant l’envol ne change pas grand chose à l’analyse.

Toute la logique sous-tendant ces tests est qu’il y a un risque particulièrement élevé d’attraper le C19 durant votre semaine de voyage, et que le test permettra d’empêcher une personne infectée d’embarquer dans l’avion et donc d’apporter le virus au Canada.

Le risque d’attraper le C19 à l’étranger existe évidemment. Tout va dépendre du comportement des personnes. Ce qu’il faut comprendre avec les voyages tout inclus, c’est que les gens vont généralement voyager ensemble et rester ensemble.

En général, il y a très peu de contacts entre les canadiens et les personnes locales, si ce n’est le personnel des hôtels. Si un voyageur contracte le C19, ce sera probablement d’une personne infectée qui était sur le même vol ou qui réside dans le même hôtel. 

Pour une destination comme Cuba, la probabilité de contracter le virus d’une personne locale est très faible. Cuba a eu seulement 148 décès du C19 pour une population de 11 millions d’habitants, à comparer au Canada avec ses 16,369 décès pour une population de 38 millions. 

https://www.worldometers.info/coronavirus/

Les infections par habitant sont 32 fois supérieures au Canada, et environ 150 fois plus élevées dans une ville comme Montréal, en comparaison avec Cuba.

Donc, si il y a une infection réelle lors d’un voyage tout inclus dans une destination comme Cuba, son origine sera probablement un voyageur canadien, porteur du virus sans le savoir.

A ce titre, mais nous n’en ferons pas l’analyse, peut être que des tests devraient être plutôt exigés des voyageurs avant d’embarquer vers le Sud.

Les faux négatifs et faux positifs compliquent la donne

Venons en maintenant à la question des faux négatifs et des faux positifs. 

Contrairement à la croyance populaire, les tests PCR sont loin d’être fiables à 100%. C’est une des raisons d’ailleurs pour lesquelles tout médecin qui se respecte traite la maladie tôt (pas au Canada …) et sur base des premiers symptômes et non des résultats de test.

Kucirka et al. on publié une étude en Août sur les tests PCR et le temps requis, après infection, pour que ces tests deviennent positifs. 

>>  Les véhicules électriques sont-ils une solution ? Résumé Exécutif

L’étude montre que la probabilité d’un faux négatif est considérable. Elle est de 100% le jour 1, et baisse progressivement après, mais elle est encore de 67% le jour 4. 

Même au 5ème jour, lorsqu’une personne va typiquement développer des premiers symptômes, il y a encore, en valeur médiane, 38% de faux négatifs. 

Au jour 8, c’est-à-dire trois jours après le début des symptômes, il y a encore 20% de faux négatifs en valeur médiane.

https://www.acpjournals.org/doi/10.7326/M20-1495

https://medical.mit.edu/covid-19-updates/2020/07/when-should-i-be-tested

Selon cette étude, pour une infection réelle qui serait contractée dans le pays de destination, durant un court séjour, il faut s’attendre à une probabilité d’un résultat faux négatif compris entre 67% et 100%!

Même si tout le monde a été testé négatif avant le vol, il est fort possible qu’il puisse y avoir des personnes infectées, et même contagieuses, à bord.

De ces chiffres, on peut dériver qu’au plus une nouvelle infection sur 5 pourra être décelée par ces tests PCR avant retour au Canada, alors qu’on a été porté à croire, par les autorités et les médias, que c’était une mesure importante pour la protection du public.

Les autorités canadiennes étaient en fait au courant de la non-fiabilité des tests, même si elles estiment leur non-fiabilité à 50% (ce qui est déjà énorme) et non à 80%. Ceci démontre un manque de jugement et une incapacité frappante en termes de gouvernance.

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Source: https://www.canada.ca/fr/sante-publique/services/publications/maladies-et-affections/comprendre-depistage-covid-19.html

Comment les autorités ont-elles pu décréter une telle mesure sur base d’un test aussi peu fiable?  Cela défie toute logique sur le plan sanitaire.

Au delà de la non-détection, prévisible, de la majorité des personnes réellement infectées, il y aura aussi des personnes qui auront des tests positifs, mais qui seront en fait des faux positifs.

Les résultats faux positifs de tests PCR s’expliquent par divers facteurs: sensibilité trop importante du test à des fragments non-pathogènes du virus, mélange ou contamination d’échantillons au niveau du laboratoire, etc.

Les estimations de la prévalence de faux positifs varient. Elle sont typiquement comprises entre 0.4 et 4.0%.

https://www.icd10monitor.com/false-positives-in-pcr-tests-for-covid-19

Cela peut sembler faible, mais puisqu’on teste tout le monde, et pas seulement les gens qui ont des symptômes ou qui ont été identifiés comme à risque de contamination par le traçage, les implications sont substantielles.

Si l’on fait l’hypothèse conservatrice d’un taux de faux positifs de 1%, sur 1000 passagers, cela donne 10 passagers déclarés positifs alors qu’ils sont en fait négatifs.

Sur ce même groupe de passagers, combien seront réellement positifs? 

Présentement, au Québec, le taux d’infection du virus (personnes actives / population totale) peut être estimé à 0.29% (26,064 / 8,485,000) sur base des chiffres officiels.

https://ici.radio-canada.ca/info/2020/coronavirus-covid-19-pandemie-cas-carte-maladie-symptomes-propagation/index.html

Faisons ici l’hypothèse d’un taux d’infection de 0.5% parmi les vacanciers, qui auront à se faire tester à destination, en vue de leur retour.

Pour 1000 passagers, on s’attendra grosso modo à 5 passagers infectés. Mais, selon l’analyse ci-dessus en lien avec les faux négatifs, seulement environ un passager sur cinq sera détecté.

Donc, dans notre exemple de 1000 passagers, les faux positifs seraient 10, alors qu’il y aurait qu’un seul vrai positif détecté par le test et interdit de voyage.

Il faut s’attendre ainsi à ce que le taux d’erreur du dépistage soit de l’ordre de 90%.

Neuf personnes sur dix refusées d’embarquement à cause d’un test positif n’auront probablement pas le COVID-19. 

Elles devront pourtant faire 2 semaines de quarantaine dans le pays de destination, et présenter à nouveau un test à la compagnie aérienne avant de pouvoir regagner le Canada.

Et puis, à l’arrivée au Canada, elles devront à nouveau faire, comme tous les autres voyageurs, une nouvelle quarantaine de 2 semaines.

Conseil 1: Prévoyez de vous faire tester 2 fois lors des 3 ou 4 jours admissibles. Si vous testez positif la première fois, isolez vous de suite mais aussi, faîtes refaire le test, pour vérifier si le test initial n’est pas un faux positif, car comme nous l’avons analysé, il y a de bonnes chances qu’il le soit! 

>>  Les véhicules électriques sont-ils une solution ? Résumé Exécutif

Conseil 2: Et en cas de symptômes, consultez de suite un médecin, surtout si vous avez 50 ans ou plus. Peut-être aurez vous d’ailleurs accès à une thérapie précoce, interdite au Canada, qui pourrait vous soigner de la maladie en quelques jours.

Quelles sont les vraies solutions pour les voyages?

Selon l’expérience de l’auteur durant un voyage récent vers le Sud, il y a beaucoup plus à faire par les aéroports, par les compagnies aériennes et par les voyageurs, pour mieux prévenir les infections, tant avant l’embarquement qu’en vol.

Avant l’embarquement, il est possible de renforcer le dépistage de cas possibles de C19, par des questionnaires obligatoires, des entrevues par du personnel qualifié de passagers qui semblent présenter des symptômes, par des tests d’oxymétrie (mesure de l’oxygène dans le sang grâce à un petit appareil où l’on insère un doigt) en plus des tests de température.

Durant les vols, surtout quand ceux-ci ne sont que de quelques heures, il conviendrait de ne pas fournir de repas, et même de n’offrir de l’eau qu’à titre exceptionnel, pour que les gens gardent leurs masques le plus longtemps possible et ne se rendent pas aux toilettes.

Concernant les masques, il importe d’exiger des masques efficaces, et pas de simples couvre-visages. Idéalement, il faut opter pour des masques de type N95.

Il serait aussi possible de créer des bulles au niveau des avions, et d’améliorer la procédure d’embarquement, ceci pour réduire au minimum les contacts entre passagers et le personnel de bord, qui est à haut risque d’infection.

Comme le soulignait le Professeur Paul Marik lors de notre récent webinaire, une mesure additionnelle, mais probablement la plus efficace de toutes, serait d’introduire une prophylaxie pour le voyage, par l’ivermectine.

Des études récentes ont montré qu’il s’agit d’un agent prophylactique très puissant et très sécuritaire, qui dans un contexte comparable, de travailleurs de la santé portant des équipements de protection personnelle, a protégé à 100% les travailleurs traités, alors qu’en comparaison, les équipements de protection à eux seuls, n’ont protégé qu’à environ 50%.

Nous aurons le plaisir d’avoir comme orateur, pour notre prochain webinaire, l’auteur principal de ces études, le Professeur Hector Carvallo, d’Argentine.

Comme nous le soulignons dans un article récent, il y a de nombreuses infections sur les vols, et de telles mesures, y compris prophylactiques, devraient considérablement réduire les infections.

Comme mentionné à de nombreuses reprises aussi, les cas aigus de COVID-19, amenant des formes graves de la maladie, sont très largement évitables, par les traitements précoces, qui sont toutefois prohibés par les autorités canadiennes, avec des conséquences dévastatrices en termes de mortalité et de pression excessive sur le système hospitalier.

Aujourd’hui, il existe des solutions tant de nature prophylactique que thérapeutique au COVID-19.

Dans ce contexte, aller dans le Sud ou ailleurs, en vacances, ou plus généralement voyager, ne devrait pas être un problème et ne devrait poser qu’au plus un risque infime à autrui.

En fait, pour beaucoup, quelques jours de repos, au soleil, ne peuvent faire que du bien pour affronter au retour les mesures de confinement, toujours plus coercitives bien que largement inefficaces.

Le principal problème aujourd’hui avec le COVID-19 au Canada réside dans l’incohérence, voir l’incompétence, des autorités, ce qui est bien illustré par ces nouveaux tests dorénavant exigés pour retourner au pays par avion.


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