Marseille Contre le Monde: le Professeur Didier Raoult Règle Ses Comptes

Voici une transcription rapide l’entrevue publiée aujourd’hui même du Professeur Didier Raoult, qui couvre non seulement les succès thérapeutiques, qu’il qualifie de spectaculaires, à l’IHU de Marseille, mais aussi la non efficacité des traitements alternatifs, notamment au remdesivir, et la spéculation boursière associée à ce dernier. Le Professeur Didier en Raoult en profite pour critiquer la méthodologie utilisée pour une publication sur le Remdesivir dans la prestigieuse revue New England Journal of Medicine. Il questionne aussi la préférence donnée dans les pays industrialisés aux nouvelles molécules. Il qualifie de lutte extrêmement brutale, les campagnes menées en France contre l’utilisation de médicaments simples et non coûteux tels que l’hydroxychloroquine et l’azithromycin.

Note: a translation into English will be available shortly.

Voici l’entrevue publiée sur Youtube.

Q: Professeur Didier Raoult, quelle est l’évolution de l’épidémie et actuellement quelle est sa place dans l’histoire des crises sanitaires

Alors, concernant l’évolution de l’épidémie, pour nous, elle est en train de disparaître progressivement. Donc on avait jusqu’à au maximum au pic on a eu jusqu’à 368 cas nouveaux par jour et là actuellement on est plutôt dans la zone de 60 ou 80 par jour. Donc à une diminution très très significative du nombre de cas détectés, et encore plus significative chez les gens qui viennent se faire détecter alors qu’ils sont asymptomatiques. Donc il est possible – c’est une des possibilités que j’avais évoquée parmi d’autres – que l’épidémie disparaisse au printemps et que d’ici quelques semaines, il n’y ait plus de cas, pour des raisons souvent extrêmement étranges et qui sont des choses qu’on a l’habitude de voir pour la plupart des maladies virales respiratoires. Donc c’est assez banal.

Si on essaye de placer ça, de replacer ça dans le cadre des épidémies, des crises sanitaires, vous voyez on peut mesurer les crises sanitaires avec ces images (voir vidéo). Vous voyez les crises sanitaires d’été. Vous rappelez la canicule de 2003 la canicule de 1983. Vous vous voyez que l’été, si vous surveillez au fur et à mesure, vous pouvez détecter les crises sanitaires très aisément. C’est une des propositions que j’avais fait quand j’avais fait un rapport au ministère de la santé son cabinet de la Direction Générale de la Santé (DGS) ne voulait pas en tenir compte et malheureusement c’est ce qu’il faut faire parce que ça permet de détecter les vraies crises sanitaires.

Si on essaie de voir si actuellement la crise sanitaire a une incidence sur la mortalité en France la réponse est non. Les crises sanitaires qui ont pendant l’hiver joué une différence significative sont en 1997, 2000, 2009 et 2017. Mais on est très loin actuellement, si on cumule les mois de décembre à mars, de la crise sanitaire de 2017 où il y avait eu énormément de grippe H3N2. Je trouve que cette année il ya eu beaucoup moins de grippe et beaucoup moins de VRS, ce qui fait que l’augmentation de la mortalité liée à ce nouveau virus n’est pas visible significativement dans l’ensemble de la population.

Bien entendu il ya d’autres phénomènes. C’est multifactoriel, mais on ne peut pas dire ça, et j’avais dit que j’ai horreur de prédire, mais quand même j’avais prédit que cette crise sanitaire ne modifierait pas l’espérance de vie des français, et c’est le cas. On fera les comptes. Pas plus d’ailleurs qu’en Chine. 3000 ou 4000 morts ne modifient pas l’espérance de vie des 1.3 ou 1.4 milliard de chinois dans l’année. C’est pas vrai. Donc, encore une fois, c’est bien de faire face aux crises sanitaires de les gérer. Il faut les gérer sans angoisse, sans inquiétude, en étant plus le plus professionnel possible en gérant les choses au coup à coup. En essayant de diagnostiquer, d’isoler et de traiter les malades pour éviter qu’il y ait plus de morts qu’ailleurs. C’est un point qui me paraît très important. 

Q: Sur le plan du traitement, où en êtes vous?

Sur le plan du traitement, nous on est très content. On est maintenant, ce qui est souvent le cas quand on s’attaque à un problème, on a très généralement rapidement la plus grande série mondiale. Donc c’est pratiquement toutes les maladies sur lequelles on s’est attaqué. Il y  a une dizaine comme ça dans lequelles on a la plus grande série de malades au niveau mondial. Donc je pense que sur le COVID, on arrive maintenant probablement à avoir la plus grande série mondiale dans un seul centre. Ici, on a testé 76000 sérums de 32000 patients. 4296 étaient positifs. 

On a traité ici, à IHU Méditerranée Infections, plus de 3000 personnes. 2600 ont été traitées par notre protocole hydroxychloroquine plus azithromycine, dont 10 sont morts c’est à dire on confirme qu’on a une mortalité qui est inférieure à 0 5 % pour l’instant, ce qui est un des résultats, ou le résultat le plus spectaculaire actuellement au monde. Voilà donc on est très contents. Cette thérapeutique, elle est tellement spectaculaire en réalité. Les gens ont tellement de facilité à voir que ça fonctionne, qu’elle se répand. 

Il ya des analyses qui sont faites en particulier par un institut de sondage des médecins qui s’appelle Sermo, qui montre que dans le monde entier chez les médecins, le premier traitement de tous actuellement c’est l’azithromycine, dans 50 % des cas, et l’hydroxychloroquine ou la chloroquine dans 44% des cas. C’est massif, et veut dire que les praticiens adoptent ça parce que tout simplement ça marche.

D’une manière très intéressante, qui donnerait probablement à réfléchir aux gens sur la méthode. Et il est sorti un papier sur le remdesivir, dans le New England Journal of Medicine, qui est un défi à toutes les méthodologies puisque pour la première fois on ose publier une étude où il n’ya pas de comparatif. On compare ce traitement à rien, pas même historiquement donc c’est extraordinaire, et donc la seule chose que l’on note c’est que il y a une toxicité considérable c’est à dire qu’il ya 60% en effets secondaires, ce qui veut dire que ce médicament ne peut pas être utilisé en dehors des patients ayant une forme très grave de la maladie. Mais les patients qui ont une forme très grave, on le sait ici, en réalité n’ont presque plus de virus.  Ils sont plus à ce stade là. Ils sont à un autre stade, ce qui veut dire que si ce médicament ne peut pas être donné à d’autres patients que les patients qui ont une forme très grave et que dans ces formes très graves, il ne sert à rien, le débat va petit à petit se réduire.

L’autre médicament qui était proposé aussi dans le bras Discovery a montré qu’il était totalement inefficace dans la même indication. Ceci veut dire que le paysage va s’éclairer sur les molécules que l’on peut vraiment utiliser, et quand est-ce qu’on peut les utiliser. Quand les formes sont à un stade de réanimation, en réalité, les antiviraux auront une activité relativement modeste parce qu’il ya très peu de virus et notre expérience est qu’on a vu des patients qui étaient morts, et qu’il n’y avait plus aucun virus. On voit mal comment un anti-viral prescrit à ce stade pourrait avoir la moindre efficacité. Le traitement, c’est pour les formes modérées, c’est pour les formes sévères, mais qui ne sont pas en réanimation, qui permettront de faire les choses. 

C’est intéressant, parce que parmi les auteurs, les gens qui ont fait des commentaires sur nos méthodes, c’est la première fois que je vois un article publié sans aucun comparateur, ni historique, ni géographique, ni rien du tout. C’est juste dans je ne sais combien de villes dans le monde on a donné un peu de remdesivir à des gens qui étaient malades et avec tout ça. Peut-être avec un ghost writer, c’est-à-dire un auteur ad-hoc a réuni toutes ces données avec très peu de données biologiques pour dire, écoutez, voilà on a donné du remdesivir. 

C’est intéressant parce que c’est une des publications encore qui permettra de suivre avec intérêt les fluctuations absolument extraordinaires de l’action boursière de Gilead. Je sais qu’il y a  un journal qui m’accuse d’avoir des conflits d’intérêts avec Sanofi, parce que j’ai discuté avec Sanofi au moment de la création des IHU. C’est ce qu’on nous demandait. Il fallait qu’ils ait au moins deux ou trois industriels qu’ils soient associés pour pouvoir faire du développement en France. J’avais discuté avec Sanofi pour faire ce que je fais maintenant, mais sans Sanofi, c’est à dire du repositionnement de molécules qui existent déjà. Puis les discussions ont capoté, donc on n’a pas travaillé avec Sanofi. Mais vous regarderez. Si moi je suis un conseiller de Sanofi, je suis un extrêmement mauvais conseiller parce que Sanofi n’arrête pas de perdre de l’argent alors que les conseillers de Gilead sont des bons conseillers pour Gilead parce que Gilead à gagné énormément d’argent depuis le début du COVID. Bien que le cours de l’action soit modulée par le fait que l’on communique sur le fait qu’il y ait des traitements alternatifs à la chloroquine ou que l’OMS décide que le remdesivir est le grand traitement, et on voit alors l’action monter. 

Tout ça, ce sont des choses qui sont intéressantes et c’est sûrement un des paramètres – je sais pas l’interpréter plus que ça – mais il s’agit de sommes absolument colossales. On est en train de parler de la capitalisation de Gilead. C’est quelque chose de tout à fait énorme donc c’est intéressant de voir les fluctuations de ces cours en fonction des annonces dans la presse de l’efficacité, ou de traitements substitutifs. Vous voyez que je si j’étais encore un conseiller caché de Sanofi, je leur conseille de me foutre dehors parce que franchement il perdent de  l’argent. Ils ont perdu 20% de la valeur de leur action, depuis le début. Donc ce que je savais, je suis pas un très bon conseiller financier. Je pense que les conseillers financiers, en dépit de l’absence totale d’évidence d’efficacité du remdesivir, sont bien meilleurs que les miens puisque ça a pris une une proportion tout à fait considérable de financement. Voilà.

Q: Avez vous de nouvelles données concernant la toxicité de traitement à base d’hydroxychloroquine et d’azithromycine?

On fait ça bien entendu avec nos amis cardiologues. Il ya quelques personnes dont ils nous ont dit “écoutez ceux là ont préfère que vous les traitez pas,” alors on ne les traite pas. Ça représente pas grand monde, mais c’est pas la peine de prendre des risques qui sont inutiles. Et deuxièmement sur les 2600 que nous avons inclus, nous n’avons eu aucun problème. Ça commence à faire beaucoup quand même 2600 patients. Donc je pense que tout ça de sont des débats quand on commence. Je continue à penser que le premier travail qu’on a fait, méthodologiquement — rien à voir avec celui publié dans le New England – avait un groupe extérieur géographique, il y avait la comparaison, il y avait un point de comparaison qui était le portage viral, alors que dans le papier du New England, il n’y a aucun point de comparaison: on regarde pas la guérison, on regarde pas la guérison ni clinique, ni virale. (Dans notre étude), il y avait une des comparaisons internes entre hydroxychloroquine et hydroxychloroquine et en plus azithromycine.

Moi, ce qui me frappe dans la situation, actuelle c’est que là la mortalité actuelle dans les pays les plus riches est beaucoup plus importante que soit dans l’Est du monde, la Chine la Corée, les pays de l’Est qui sont riches aussi mais qui ont une mortalité plus basse, soit dans les pays plus pauvres. On finit par se demander si avoir une industrie avec des médicaments extrêmement nouveaux est devenu un avantage ou un inconvénient dans ces conditions, c’est à dire que des gens en Afrique, ils n’ont pas beaucoup de choix. Donc pour eux, je ne pense pas que cela leur pose beaucoup de problèmes de prendre du Plaquenil et de l’azithromycine. Cela ne coûte rien. Tandis qu’en France il ya une lutte extrêmement brutale contre l’utilisation de médicaments simples et non coûteux. Et je ne sais pas si cela a des conséquences sur la mortalité en France. Mais c’est une bonne question. En tout cas, quand on voit la différence de mortalité à Marseille comparé à d’autres sites en France avec une population et un étal épidémique comparable, on peut franchement se poser la question maintenant si c’est mieux de prendre deux vieux médicament qui marchent ou des nouveaux médicaments dont ont est pas sûr qu’ils marchent et dont on sait qu’ils ont des complications, des effets secondaires très importants.