Des milliers de vies peuvent encore être sauvées du COVID-19
L’auteur Jean-Pierre Kiekens est un ancien maître de conférences à l’Université de Bruxelles et est diplômé des universités d’Oxford et Bruxelles
Note: cet article traite de la situation canadienne mais est également pertinent pour d’autres pays, tels que le Royaume-Uni, qui attendent aussi les résultats d’essais cliniques pour définir leur politique thérapeutique en matière de COVID-19
Dans son article de l’American Journal of Epidemiology, publié le 27 mai, le docteur en médecine Harvey Risch, qui est professeur d’épidémiologie à l’Université de Yale, soutient que:
“Il est de notre devoir de ne pas rester les bras croisés … alors que les vieux, les infirmes et les habitants des quartiers défavorisés sont tués par cette maladie et que notre économie est détruite par elle, et nous n’avons rien à offrir d’autre qu’un traitement hospitalier à mortalité élevée.”
Le professeur Risch recommande d’utiliser la bi-thérapie l’hydroxychloroquine + azithromycine (ou doxycycline), de préférence en association avec du zinc, comme traitement ambulatoire, «au moins jusqu’à ce que nous trouvions ou ajoutions quelque chose de mieux».
Ce que le professeur Risch recommande, c’est le traitement précoce mis en œuvre avec succès par le professeur Raoult et son équipe depuis mars à l’IHU-Marseille, où travaillent plusieurs des meilleurs experts au monde en maladies infectieuses.
Quel est ce système thérapeutique? Il s’agit d’un dépistage précoce de toute personne symptomatique accompagné d’un traitement précoce sous surveillance médicale, soit à l’hôpital soit en ambulatoire. Cela implique également un isolement des personnes infectées pour éviter de propager la maladie.
Le 27 mai, l’IHU-Marseille a publié le résumé de sa dernière étude sur le traitement des patients pour le COVID-19. L’étude couvre 3 737 patients et confirme que ce traitement réduit le risque d’hospitalisation, le risque de transfert aux soins intensifs et le risque de décès.
Cette dernière étude confirme également la sécurité du traitement. Le risque extrêmement faible associé à un tel traitement précoce doit être mis en contraste avec un risque élevé de décès, qui peut dépasser 10%, si l’on ne reçoit pas ce traitement précoce et est dès lors condamné à recevoir ce que le professeur Risch appelle «un traitement hospitalier à mortalité élevée».
Des milliers de vies peuvent encore être sauvées
Le bilan des décès dus au COVID-19 au Canada dépasse déjà 7 000 morts, et le nombre de nouveaux cas quotidiens testés positifs excède 700, principalement au Québec et en Ontario. Il n’y a pas de tendance claire vers une fin rapide de l’épidémie, alors que la transmission communautaire reste active et les mesures de confinement sont assouplies.
Le taux moyen de létalité au Canada – le nombre de décès divisé par le nombre de personnes testées positives – est d’environ 8%, ce qui peut être comparé à la situation de Marseille, où de nombreux patients, mais pas tous, ont été traités à l’hôpital universitaire du professeur Raoult.
Pour les patients traités à l’IHU-Marseille, le taux de létalité était inférieur à 1%, alors qu’il était d’environ 8% ailleurs dans la ville, selon une analyse récente dans France-Soir.
Il n’est pas déraisonnable de suggérer que le nombre de décès dus à la maladie peut être réduit d’environ 8 fois grâce aux traitements précoces à base d’hydroxychloroquine.
Une telle réduction du taux de létalité est considérable, car elle équivaut à une réduction de plus de 80% de la mortalité parmi les personnes infectées. Le risque est quant à lui à peu près nul, tant que le traitement est administré sous surveillance médicale.
Quand on parle à des médecins qui traitent des patients atteints du COVID-19, le message a tendance à être toujours le même. Dès les premiers symptômes, vous devez consulter un médecin.
Dans une récente interview que m’a accordée le Dr J. Varon, professeur à l’Université du Texas, celui-ci insiste sur le fait que plus les patients sont traités tôt, meilleures sont les chances de guérison rapide.
Maintenant, quelle est la situation en matière de traitement précoce au Canada? La position officielle du gouvernement fédéral est d’attendre les essais cliniques.
Le professeur Risch, dans le contexte des États-Unis, analyse les implications d’une telle position d’attendre les résultats des essais cliniques menés au pays.
“Pour le premier essai, d’ici à septembre, en supposant une courbe épidémique plate de 10 000 décès par semaine, j’estime qu’environ 180 000 décès supplémentaires se produiront aux États-Unis avant que les résultats de l’essai ne soient connus.”
Au Canada, il y a 38 essais cliniques autorisés pour le COVID-19, mais aucun d’entre eux ne teste le meilleur traitement disponible comprenant l’hydroxychloroquine, l’azithromycine et le zinc.
Un seul essai canadien teste l’hydroxychloroquine combinée à l’azithromycine, mais il utilise également la chloroquine, plus toxique, et ne contrôle pas le zinc.
En bref, les essais cliniques en cours sur l’hydroxychloroquine au Canada ne seront malheureusement pas d’une grande utilité thérapeutique.
L’important pour le Canada est de s’appuyer sur les connaissances internationales existantes, sur les meilleurs protocoles thérapeutiques disponibles, qui nécessitent un traitement très précoce de la maladie.
Comme aux États-Unis, des milliers de décès pourraient survenir avant que les résultats des essais canadiens ne soient connus. Trop de vies sont en jeu. Il n’y a pas de temps à perdre.
La voie à suivre pour le Canada
Que faut-il faire dans le contexte canadien? Nous pouvons à nouveau suivre les recommandations du professeur Harvey Risch, qui était auparavant membre du corps professoral en épidémiologie et bio-statistique à l’Université de Toronto.
“Nous ne pouvons pas nous permettre le luxe d’une connaissance parfaite et devons évaluer, maintenant et de façon continue, les preuves des bénéfices et risques de ces médicaments.”
«Pour la grande majorité… le traitement hydroxychloroquine + azithromycine (ou doxycycline), de préférence avec du zinc, peuvent être ce traitement ambulatoire.»
«Nous avons une solution imparfaite pour tenter de lutter contre la maladie. Nous devons permettre aux médecins d’exercer leur jugement clinique et de l’utiliser, et aux patients informés de le choisir.»
«Il y a une petite chance que cela ne fonctionne pas. Mais l’urgence exige que nous commencions au moins à prendre ce risque et à évaluer ce qui se passe, et si notre situation ne s’améliore pas, nous pouvons l’arrêter… »
“… mais nous saurons alors que nous aurons fait tout ce que nous pouvions, au lieu de nous asseoir les bras croisés et de laisser … des milliers de patients à leur mort, parce que nous n’avions pas le courage d’agir selon nos calculs rationnels.”
Références
Harvey A Risch, Early Outpatient Treatment of Symptomatic, High-Risk Covid-19 Patients that Should be Ramped-Up Immediately as Key to the Pandemic Crisis, American Journal of Epidemiology. https://doi.org/10.1093/aje/kwaa093
Interview with Doctor Joseph Varon, Professor of Acute and Continuing Care at the University of Texas Health Science Center and Chief of Staff/Chief of Critical Care at United Memorial Medical Center in Houston, Texas.
https://covexit.com/professor-varon-interview-treatment-protocols-for-mildly-symptomatic-patients-more-advanced-stages/
Early Diagnosis and Management of COVID-19 Patients: a Real-Life Cohort Study of 3,737 Patients, Marseille, France. May 27 2020 version. https://www.mediterranee-infection.com/early-diagnosis-and-management-of-covid-19-patients-a-real-life-cohort-study-of-3737-patients-marseille-france/
COVID-19 : Marseille 5 – Paris 1 juste les chiffres. France-Soir. http://www.francesoir.fr/societe-sante/marseille-5-paris-1-juste-les-chiffres
Coronavirus disease (COVID-19): Outbreak update (in Canada) — https://www.canada.ca/en/public-health/services/diseases/2019-novel-coronavirus-infection.html
Drugs and vaccines for COVID-19: List of authorized clinical trials (in Canada) —
https://www.canada.ca/en/health-canada/services/drugs-health-products/covid19-clinical-trials/list-authorized-trials.html
Copyright 2020. Jean-Pierre Kiekens. Tous les droits sont réservés.
Voir aussi l’article de l’auteur du 3 Avril recommandant déjà au gouvernement du Québec d’adopter des thérapies précoces pour le COVID-19.